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par
Damien Castera |
Retour
sur l'OXBOW
WLT 2008 à Anglet
Plus d’une
semaine déjà, depuis la fin de cette deuxième édition des
championnats du monde de longboard à Anglet et pourtant il
subsiste encore dans les parages une sorte de parfum de fête et
de convivialité. Bien plus qu’un simple contest, le oxbow world
longboard tour est jusqu’à présent l’unique évènement de
l’année où les meilleurs longboarders de la planète ont la
possibilité de se retrouver, de partager et de répandre au plus
grand nombre, l’essence même de ce sport si particulier :
le longboard. Bien évidemment l’important prize money motive
les troupes des quatre coins du monde à faire le déplacement et
à venir ici combattre pour la première place.
Mais je pense avant tout que ces retrouvailles sont régies
par l’immense plaisir de tous, de se retrouver et de fêter
notre passion du longboard. |
Le vendredi précédant la
semaine de compétition, Antoine Delpero a reçu un coup de fil de
Grant Thomas dit « La pochette ». Il était avec le
crew des Australiens, visiblement peu stressé par le début du
contest, et nous voilà au cœur de la nuit fêtant de dignes
retrouvailles sur le dance floor d’une certaine boite de nuit de
Biarritz. Le ton est donné, le contest peut commencer… |
Rusty
Keaulana
Alexis
Deniel |
La
compétition débute le lundi matin dans une mer agitée par le
vent du large. Alexis Deniel et moi devons passer par les trials
pour pouvoir jouer dans la cour des grands. Quelques grands noms
du longboard y sont également inscrits tels que Rusty Keaulana,
Dino Miranda ou encore Zack Howard. 16 trialists invités et
seulement 6 places pour le main event.
Nous nous qualifions tous deux pour le tableau principal.
Le
lendemain, le beau temps fait à nouveau parti de la fête, et de
jolies vagues glassies s’enroulent sur le spot des cavaliers.
Dès la première série de la journée on assiste à un
magnifique combat entre le sud africain champion du monde ISA
Matthew Moir, l’Américain Tom LLoy et le champion d’Europe
Michelle Demont. Le sud africain impose son style puissant et
remporte ce premier heat. Il se qualifie donc pour le troisième
tour, les deux autres surfers devant passer au tour de rattrapage.
Dans les séries suivantes on retrouve la belle performance de Ben
Skinner qui réussi à battre le Californien Taylor Jensen.
Antoine Delpero réalise le meilleur score du premier tour avec
16,90 pts devançant ainsi son ami de toujours Tim Creignou. En
série 6 je suis opposé à Dino Miranda et Harley Ingleby. Harley
commence très fort et met court à tout suspens en prenant une
première vague à 8,50. Je finis deuxième et passe donc par le
tour de repêchage. |
Alexis
Deniel finit également deuxième derrière le brésilien vétéran
Amaro Matos.
Dans
le heat numéro 10 on assiste à un fabuleux combat entre
l’ancien champion du monde Bonga Perkins et son ami hawaïen
Duane de Soto. C’est un duel très serré. Caractéristique du
style Hawaïen, les deux surfers manient le longboard avec une
puissance déconcertante, envoyant de grands rollers dans les
parties les plus critiques de la vague. C’est finalement Bonga
qui remporte le heat.
Edouard Delpero et John Larcher passent également par le tour de repêchage
pendant que Monsieur Style,
Romain Maurin, se
qualifie pour le troisième tour. |
Damien
Castera
Mister
Style Romain Maurin |
Au second tour, Alexis est opposé en man on man à
l’hawaïen Keegan Edwards. La lutte est serrée mais grâce à
de longs noserides parfaitement exécutés dans le curl, Alexis
parvient à tirer son épingle du jeu et à se qualifier pour le
troisième tour. Je me retrouve quand à moi opposé au champion
USA Taylor Jensen. Le californien prend tout son temps et attend
patiemment une bonne première vague. Quand à moi, le manque
d’expérience en compétition accumulé avec un surplus de
stress me font ramer sur des vagues de médiocre qualité. Il faut
attendre ma 5ème vague pour enfin dépasser la
moyenne. Taylor score quand à lui une première vague à 7,5 et
une autre à 8,25 totalisant un joli total de 15,75 pts. John
Larcher, le doyen de l’équipe de France, est venu me voir après
la série pour me réconforter :
« T’inquiète pas Dams, tu pouvais pas faire grand-chose de plus,
Taylor est un surfer expérimenté et là il était dans un grand
jour. On n’aurait pas fait mieux. Allez sans regrets viens
prendre une p'tite bière. »
Harrison Roach le jeune prodige australien réalise
le score parfait de 18,40 pts. Edouard Delpero se fait voler la
dernière série d’une journée vraisemblablement trop longue
pour certains juges. Sans polémiquer, le pauvre Edouard aura
montré un surf nettement supérieur à celui de l’américain
Tom Lloy, mais l’erreur est propre à l’espèce humaine, même
pour des juges ASP… John Larcher passe à côté de sa série et
perd face au dernier des fils Young. Malgré un superbe 360 du
tail noté 3.60 John s’efface devant le jeune Bryce qui propose
un surf stylé, fluide et sur le rail. |
Au troisième tour Alexis s’incline face au
champion du monde en titre Phil Razman au terme d’un combat
acharné, auquel Alexis n’aura pas démérité le moins du
monde.
« J’aurai pu l’avoir, j’suis dégouté…Il me fallait juste
une meilleure deuxième vague. » me confie Alexis à sa
sortie de l’eau. Une deuxième vague qu’il aura attendu
jusqu’à la fin, mais qui n’aura pas pointé le bout du nez.
Belle performance quand même pour ce grand breton de
Perros-Guirec. |
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De
leur côté Antoine et Romain se défont de leurs adversaire
respectifs, le vétéran Alex Salazar et le jeune Bryce Young, et
se qualifient pour le tour suivant. Timothée réalise quand à
lui l’énorme surprise de la journée en battant l’Australien
Harrison Roach.
« Le mental Dams, c’est ça qui m’a
permit de le battre. Pas une seconde je n’ai imaginé perdre, et
me voilà en huitième. » Incroyable compétiteur, Tim a démontré
tout son talent après avoir passé la soirée à servir des bières
lors de l’incroyable fiesta d’Oncle zaz surfshop. Le magasin
familial tenu par john, Tim et leur oncle Zaz aura accueilli les
troupes de compétiteurs assoiffées pour une fête incroyable
dont seuls quelques angloys ont le secrets…
En huitième de finale, Antoine et Romain sont opposés en série 6.
Antoine surfe à son plus haut niveau, un surfe fluide, rapide,
instinctif, la marque des plus grands, et ne laisse que peu de
chance à son ami du Boucau. Timothée perd quant à lui contre
son idole de toujours, le grand Bonga Perkins, et est tout de même
heureux d’atteindre le rang de 9ème mondial. |
En
quart de finale Antoine réalise le plus haut score, 16,75 pts, et
met combo le brésilien Amaro Matos. Bonga Perkins et Colin
McPhillips, les vieux loups
du circuit, tous deux anciens champions du monde, se livre un duel
de tous les instants. Cette série sera une des plus belles de
toute la compétition, au terme de laquelle l’hawaïen
s’envole pour les demis.
En
demi-finale, Harley Ingleby continue sa fantastique progression en
battant le champion du monde Phil Razman. De l’autre côté, la
demi d’Antoine Delpero et de Bonga Perkins prend vite
l’apparence d’une finale. Les deux surfers s’engagent à
100%, balançant tour à tour des manœuvres
plus spéctaculaires les unes que les autres, et réalisant
par la même occasion, deux des plus gros scores de la compète.
18,25 pts pour Antoine et 17,05 pts pour l’hawaïen.
Dimanche 11 Mai, vers le
milieu de l’après midi quelques minutes après les demis
finales, j’aperçois Antoine seul en haut de la plage. Sa
concentration est au maximum et il trottine légèrement pour ne
pas laisser ses muscles se refroidir. Placé sous le coaching de
Christophe "Hans" Mouginot
Antoine surfe des prototypes de planches sans latte conçues
en EPS epoxy. Son shaper, l'incontournable Alain Minvielle, est présent
toute la semaine, admiratif de voir son poulain s'envoler vers les
sommets.
Antoine le vide autour
de lui, essayant d’oublier le stress qui lui noue le ventre et
la foule qui, venue l’acclamer, crie son nom en signe
d’encouragement. Les deux surfers enfilent leurs lycras, se
tendent une main amicale et c’est partie, la finale peut débuter.
Antoine et Harley sont deux surfers que j’admire beaucoup. Ils
sont pour moi le mélange parfait des styles. Tous deux experts
dans l’art du noseride, ils ont acquis au cours des dernières
années une parfaite maîtrise du surf sur le rail. C’est
amusant, j’en parlai avec le petit frère d’Antoine, Edouard,
peu de temps avant le début de la compétition et nous trouvions
que ces deux surfers adoptaient un surf incroyablement similaire.
C’est un véritable plaisir de les retrouver en finale, opposé
l’un à l’autre.
Le vent on shore s’est malheureusement levé
et ride maintenant le plan d’eau. La fréquence des vagues
devient plus aléatoire, et le placement se complique. Harley
trouve une vague à 8 pts en début de heat et s’installe en tête.
Antoine riposte avec brio, enchaînant cuts back modernes et drop
knee turn dans le plus pur style old school. Dommage que le style
ne soit pas encore intégrés dans les critères de jugement. |
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C’est donc Harley qui gagne cette deuxième
édition du Oxbow world longboard tour.
La remise des prix s’enchaîne immédiatement car
l’organisation craint l’arrivée du mauvais temps, et nous
prenons la direction du Tridélice Café, pour une fête de clôture
qui restera dans les annales. Tous sont présents et visiblement
loin de faire figuration. Bonga tombe à lui tout seul la moité
du stock de vin rouge, les brésiliens enflamment le dance floor,
les australiens sont déchainés par la victoire de leur ami et épuisent
fus de bière après fus de bières, en braillant des cantines
anglo-saxonnes. Il ne faudrait pas oublier l’incroyable
prestation des frenchies qui jouent à domicile et démontrent une
parfaite connaissance du spot. La fête durera toute la nuit avant
de s’éteindre dans les profondeurs des night club de Biarritz.
Le Oxbow longboard tour 2008 s’achève
ainsi dans les chants et la fête. C’est une merveilleuse
semaine de longboard qui se clôture. En attendant la confirmation
d’une deuxième étape à Trestles en Californie, prévu pour le
mois de Septembre, chacun repart chez soi le sourire au coin,
heureux d’appartenir à cette grande famille du Longboard… |
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