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RÉTROS BOARDS
Nat
Young lors du WLC 2007 aux Cavaliers |
En 1966, le jeune
australien Nat Young matérialise une des
plus notoires révolutions que le surf ait
connu: l’apparition des shortboards. Il
est tout de même restrictif de penser que
ce jeune compétiteur porte sur ses épaules
l’entière responsabilité d’un tel
bouleversement, transformant une
discipline encore marginale pratiquée sur
de pesants longboards en un sport de haut
niveau amplement médiatisé et pratiqué
sur des trifins sous-dimensionnés. |
Un petit
rectificatif tout de même :
Nat gagna les championnats du Monde mais
pas avec un shortboard… il les remporta
sur une 9’4’’, la « magic sam » :
Cette planche que l’on peut qualifier de
premier longboard contemporain (maître-bau
reculé / volume moins important / dérive
moderne / nez plus fin) permet à Nat de développer
un surf rapide et tout en courbes dans
lequel il inclut ses propres figures comme
le bottom dropknee, sans pour autant délaisser
les noses et autres manœuvres classiques.
Le surf venait de quitter sa période trim
pour passer au hot-dog.
Afin de mieux
comprendre l’importance du titre de Nat,
il semble nécessaire de se replonger sur
la situation socioculturelle de la fin des
années soixante : La guerre froide
bat son plein, le conflit du Vietnam
s’enlise, l’austérité de la
politique oppresse une partie de la
jeunesse en quête de liberté et de
parcours initiatiques qui leur soient
propres. Dans ce contexte particulier, la
récente médiatisation du surf apporte
une échappatoire aux surfers à la
recherche d’une nouvelle approche.
Conscient de ce phénomène, John Witzig,
rédacteur du journal australien Surfing
World fait paraître une série
d’articles présentant le titre de son
ami Nat Young comme une victoire du
renouveau australien face au conformisme
du surf californien. Il présente la
« Magic Sam » de Nat comme La
Planche tant attendue par bon nombre de
surfers voulant éprouver de nouvelles
sensations (voyager ??) particulièrement
sur les vagues creuses jusqu’alors
difficilement négociables. Oubliant la
connotation nationaliste des articles, de
nombreux journaux spécialisés reprirent
les thèses de Witzig permettant au surf
d’entrer définitivement, en 1968, dans
une nouvelle période expérimentale :
l’ère du shortboard. |
En
l’espace de trois ans, la plupart des
planches passèrent de 10’ à
5’10’’voir 5’6’’. Du coup,
quand à Sunset, les surfers équipés de
planches ridiculement courtes
n’arrivaient pas à finir leurs vagues,
à Parlementia, tenir un take off suivi
d’un botom turn relevait de l’exploit.
Au championnats du monde 1970, les
Australiens surfaient tellement court
qu’il se sont fait battre par l’Américain
Rolf Aurness sur une 7’6’’.
Rapidement, la taille des planches revint
à des dimensions plus raisonnables.
S’en suit, pendant quinze ans, une
multitude d’évolutions du single au
trifin en passant par le vee-bottom, fish,
twin, quattro ou autres bonzers. Chaque
innovation faisait alors découvrir des
perspectives nouvelles, permettant aux
surfers des courbes et des figures
jusqu’alors insoupçonnées. Même si ce
désir d’expérimentation est
indissociable d’une forme de spiritualité
dans la mouvance du Flower Power, il
serait restrictif de penser qu’il n’y
avait pas une certaine rationalité dans
cette démarche. L’arrivée de ses
planches courtes avait remis en cause bon
nombre de techniques de shape surtout
adaptées à l’élaboration de lourds
flotteurs. Les fabricants se voyaient dans
l’obligation de réétudier leurs
concepts afin de déterminer de nouvelles
bases de travail. Le twinfin, par exemple,
permettait d’avoir un arrière plus
large sans pour autant voir la dérive
centrale décrocher dès que la planche
prenait de l’angle. Le Quattro permit de
pallier à la faible dimension des dérives
latérales des twinfins, permettant de
continuer à accrocher quand un twin
commençait à déraper. Les channels, ancêtres
du concave, avaient pour effet de tendre
la courbe de glisse afin d’accroître la
vitesse de la planche tout en gardant un
rocker important favorisant la maniabilité.
Des grands noms du surf, pour ne pas dire
des légendes, se sont révèlés durant
cette période : Gerry Lopez et son
indissociable single Lightning Bolt
fusionnant dans la vague tubulaire de
Pipeline et Mark Richards dont le nom est
à jamais lié aux twinfins. La liste
n’est pas exhaustive… Nombreux sont
les surfeurs plus ou moins connus qui ont,
à l’étranger comme en France, apporté
leur contribution à l’avènement de la
planche de surf comme nous la connaissons
aujourd’hui. On doit également une des
plus grandes évolutions du shortboard à
l’Australien Simon Anderson : En
rajoutant une dérive à un twinfin, il
trouva un compromis |
En France, à
part les frères Lartigau, dont
l'aîné avait participé aux
championnats du monde 66, les
surfers locaux durent attendre la
venue de Corky Caroll pour voir
les premiers shortboards : c'était
à la barre, juste avant les
internationaux de France 1968, il
fit sensation en surfant une
8'6''. Comme nous l'a confié FX
Maurin, présent ce jour là :
"Jusqu'en 1967, on avait
l'habitude de voir débarquer du
" tous niveaux " sur la
côte. Certains avaient
d'excellents niveaux tel l'Américain
Dougher Johnson. Nous apprenions déjà
beaucoup juste en les regardant.
Mais le premier que j'ai vu surfer
en shortboard, c'était Corky
Caroll, en 1968. La vitesse qu'il
prenait sur la vague et les
courbes qu'il arrivait à dessiner
m'ont fait halluciner. C'était
vraiment magique ! Peu de temps
après, les autres australiens
l'ont rejoint . Ils étaient venus
participer aux internationaux de
la Barre qui fut remporté par
Wayne Lynch alors âgé de seize
ans. J'ai de suite compris l'intérêt
de ces planches plus courtes. J'ai
acheté une 8'6'' pour, en
l'espace de deux ans, descendre à
5'10''.Quand j'y pense, c'était
vraiment extrême ! Sur la vague
de Parlementia, le fait de faire
un take off tenait de l'exploit.
Mais à l'époque, on ne se posait
pas de question, pour nous, c'était
naturel ! " |
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polyvalent et
efficace autour duquel les shapers du
monde entier purent améliorer les
performances de leurs planches.
Alors que le
thruster régnait en maître quasi absolu
sur tous les line up de la planète, voilà
que depuis quelques années, sous
l’appellation rétroboards, réapparaîssent
une multitude de planches dérivées de
concepts théoriquement désuets développés
pendant les années soixante dix. |
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