Longboard France présente dans l'histoire du surfing français Guéthary 66-67

LONGBOARD FRANCE HISTOIRE DU SURFING FRANCAIS Guéthary 66-67

 

INTRODUCTION

HISTOIRE DU LONGBOARD EN FRANCE

        -1956

1957-1958

1959-1960

      BARLAND 59

1961-1962

1963-1964

1965-1966

URKIROLA 66

BARLAND 77

SOUVENIRS   

HISTOIRE DU LONGBOARD DANS LE MONDE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    Le leash raconté par Claude Durcudoy

Claude Durcudoy alias « claudet », triple champion de France de planking de 1950 à 1952, fait parti du premier groupe de surfeurs français plus connu actuellement sous le nom de « tontons surfeurs» . C’est en septembre 1956 que son oncle Georges Hennebutte lui propose de rencontrer Peter Viertel, l’homme qui marche sur les vagues, et de s’essayer au surf sur une planche importée des Etats-Unis. Au-delà de la simple pratique du surf il sera aussi un « pilote d’essai » idéal pour les inventions de son oncle et en particulier du premier leash.

Comment et quand avez vous commencé à surfer ?

«  J’ai connu le surf en septembre 1956 à la suite d’un appel téléphonique. Je me souviens quand mon  oncle m’a demandé si je voulais rencontrer un homme qui marche sur les vagues. Passionné de sport de glisse et en particulier de planking j’ai de suite accepté l’invitation sans pour autant pouvoir m’imaginer comment la chose était réalisable. Nous nous sommes retrouvés sur la plage de la côte des basques un matin ensoleillé de début septembre. Après que mon oncle m’ait présenté Peter Viertel, nous nous sommes essayés au surf. Les premières tentatives n’ont été pas très concluantes. Nous n’avions aucune notion de la position adéquate, de plus, sans wax, la planche glissait comme une véritable savonnette.

Peter Viertel, reparti au états unis, avait confié sa planche à mon oncle afin de la remiser dans une crampotte de la côte des basques dont je possédais une clef. Quand je finissais mon travail, vers dix neuf heures, je me précipitais à la plage pour aller surfer. »

Votre oncle a été à l’origine du leash, comment avez-vous vécu l’arrivée de cette nouveauté qui, de nos jours, est devenue incontournable ?

« Quand nous allions surfer, passer la barre était tout un problème. Il fallait s’accrocher à la planche, la ceinturer, pour ma part je la retournais et mettais les bras et les jambes afin de l’agripper tel un coquillage sur un rocher. Deux fois sur dix la planche de près de 30 à 35 kilos m’était arrachée, il me fallait alors rentrer au bord en body et refaire une tentative. Il était fréquent de recommencer plusieurs fois avant de rejoindre le large.

 Mon oncle rencontrant les mêmes difficultés, se mit alors a chercher une solution afin de s’attacher la planche comme au bout d’une laisse. Il en résultat ce que l’on appelait  communément " le fil à la patte ", dont le brevet fut déposé en 1957, sous le nom de chevillière. Avant de commercialiser son invention, mon oncle avait besoin de la tester et tout naturellement il m’a recruté comme « pilote d’essai. Le premier modèle se composait de trois pièces. Un rond en caoutchouc qui, à l’origine, servait à boucher les éviers. Cette pièce, collée à l'arrière de la planche, grâce à de la néoprène,  possédait un anneau moulé dans lequel était fixé un sandow ( l’ancêtre du plug). A l’autre extrémité de ce sandow une bandelette de toile kaki de l'armée, avec des boutons pression, entourait la cheville. Facilement détachable verticalement les pressions ne pouvaient s’arracher sous la traction de la planche, et de la traction il y en avait! A la perte de la planche mes quarante cinq kilos tout mouillé se faisaient inévitablement traîner, me donnant l’impression de faire du ski nautique sous l’eau. Il me fallait donc trouver une solution afin de me freiner. Après plusieurs tentatives, la position du parachute m’est apparue comme la plus efficace. En écartant les bras et les jambes à la manière d’une chauve souris, j’arrivais à considérablement réduire la distance, mais je ne pouvais m’empêcher de rire tout seul en pensant à l’allure que je devait avoir  sous l’eau. Le principal avantage était de pouvoir surfer à marée haute(1). Michel, Bruno, Jacky et mes autres amis m’enviaient car il n’osaient pas se mettre à l’eau de peur de voir leurs planches finir dans le parapet de la Côte des Basques. J’ai utilisé ce modèle pendant deux saisons, avant de me résoudre à l’abandonner face aux scepticisme général et aux nombreuses railleries dont les plus fréquente étaient l’allongement de ma jambe ou les risques de saucissonnage.  Pour les mêmes raisons, et face au coût de dépôt de brevet, mon oncle ne déposa pas son invention à l’étranger.

 Le concept avait été définitivement abandonné jusqu’à l’arrivé à la  Côte des Basques  d’un américain équipé d’un leash. C’est certainement par souci de ne pas copier le brevet de mon oncle que ce modèle s’attachait au poignet et était fixé à l’avant de la planche un peu comme ceux utilisés pour les bodyboards actuels. Rapidement, les Américains placèrent le leash à la cheville et son point de fixation à l’arrière de la planche. A partir de là il y eut un véritable engouement. Il faut dire que tout ce qui venait d’Amérique était du pain bénit. Avec le recul, il est regrettable de penser que le fait d’être une invention biarrote ou plus généralement française a été certainement un frein à la commercialisation de l’invention de mon oncle. »

Vous surfez encore régulièrement à la Côte des Basques. Prenez-vous toujours autant de plaisir à aller à l’eau ?

 « Au début du surf nous étions peu nombreux. Il y avait une véritable camaraderie dans l’eau. Nous étions heureux de prendre une vague ensemble, d’essayer de surfer à deux sur la même planche en passant d’une planche à l’autre. Au pic, entre deux vagues, on discutait, on se racontait les histoires de la journée. Maintenant quand je vais surfer, je prends une vague quand les autres en prennent dix et même celle-là m’est parfois critiquée. Le regard des jeunes a changé, quand il voient un vieux dans l’eau il est observé comme une bête curieuse, il y a des rictus qui se font jour. Je pense qu’un jour j’arrêterai le surf à cause de ce manque de convivialité. »

 

(1) A marée haute, la plage de la Côte des Basques est entièrement recouverte par l’eau, les vagues venant mourir sur le parapet de la promenade.