Longboard France présente dans l'histoire du surfing français Guéthary 66-67

LONGBOARD FRANCE HISTOIRE DU SURFING FRANCAIS Guéthary 66-67

 

INTRODUCTION

HISTOIRE DU LONGBOARD EN FRANCE

        -1956

1957-1958

       Le leash

1959-1960

      BARLAND 59

1961-1962

1963-1964

1965-1966

URKIROLA 66

BARLAND 77

SOUVENIRS   

HISTOIRE DU LONGBOARD DANS LE MONDE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

l'auteur face à Parlementia avec la GREEK Maui Model en 1969

SOUVENIRS, SOUVENIRS (Suite…)

par Guilhem Rainfray


Ah, l’été 68 !… J’ai un souvenir de méchoui organisé sur la falaise, juste à côté de la cabane de l’URKIROLA. Quelqu’un s’était dévoué pour aller chercher un mouton en Espagne mais, comme il y avait de bonnes vagues ce jour-là, tout le monde avait passé l ‘après-midi dans l’eau jusqu’au coucher du soleil et personne ne s’était soucié du temps de cuisson nécessaire pour la bête… On a dû commencer à manger vers minuit.

C’est cet été-là aussi que l’achat d’un « surf-car » pour le club fut voté. On acheta donc une vieille « estafette » carrossée en pick-up, idéale pour transporter un certain nombre de membres du club et un nombre non moins certain de planches. Aujourd’hui, on ne ferait pas dix mètres avant de se faire verbaliser pour défaut de sièges, surcharge, absence de ceintures, mauvais arrimage des planches, etc… California dreaming…

 

Et puis on a vu débarquer, un beau matin, Nat YOUNG et Billy HAMILTON. L’animal australien et le styliste californien, les deux extrêmes. La tribu australienne et le clan californien s’étaient rencontrés quelque part du côté de Biarritz et ils écumaient (sans jeu de mots) ensemble tous les spots de la côte. Ce jour-là, Parlementia affichait un solide 2,50 M avec des séries carrément au-dessus. Nat a pris une gamelle au take-off et, comme le leash n’existait pas, la planche a pris gaiement la direction des rochers (marée basse, gros coeff’). Alors qu’il se lançait à sa poursuite dans un crawl d’anthologie, nous l’entendions distinctement hurler et jurer depuis le club…

L’arrivée des australiens avec leurs « mini-models » V-bottom signés Mc TAVISH a marqué la fin (momentanée) des longboards, quasiment du jour au lendemain. Tous ceux qui en avaient les ont soit revendus très vite pour acheter une 8’ 00’’ V-bottom, soit retaillés (on ne shapait pas, à l’époque, on « taillait ») en essayant d’obtenir la même chose. C’est ainsi que j’ai racheté la GREEK « Maui Model » de Thierry LISTRE , une planche somptueuse, pintail avec une latte centrale en red cedar et deux « glue-ups » noirs latéraux, glassée en volan (comme toutes les planches d’alors) ce qui faisait ressortir de façon un peu plus sombre les cutlaps des rails et le patch du pont pour ramer à genoux. A l’origine, cette planche était équipée d’un aileron ultra-flexible en forme de yatagan avec des « resin swirls » de différentes couleurs. Tellement flexible que, lors d’un virage un peu appuyé, il avait cassé net en plein milieu. Quand j’ai acheté la planche, il avait été remplacé chez BARLAND par un aileron beaucoup plus classique, celui qui figure sur la photo.

J’ai pris les meilleures vagues de ma vie avec cette planche. Bien après que les planches beaucoup plus courtes soient devenues la norme, il m’arrivait encore de la sortir, pour rire. Ce longboard, un des derniers produits, était l’aboutissement du longboard : shapé par Bob BOLEN (qui s’était auto-surnommé : The Greek, à cause de ses racines familiales grecques) très fin par rapport à l’ensemble de la production d’alors, avec des rails en « egg » faits pour le gros, et un shape irréprochable. Habitués que vous êtes des shortboards ou même des longboards modernes, vous aurez du mal à me croire si je vous dis que, la première fois que j’ai essayé de ramer à genoux sur cette planche, je me suis retrouvé en dessous tant l’équilibre était instable : voilà qui vous situe un petit peu à quel genre de « paquebots » nous étions habitués… Même les longboards dits « old school » aujourd’hui sont bien plus légers que les originaux.

l'auteur et son copain Daniel en train de re-shaper la grosse BARLAND, en plein soleil dans le jardin.


Quant à ma grosse BARLAND, que j’avais prêtée à mon pote Daniel lorsque j’avais acheté la MAUI, elle subit un jour le sort de la plupart des longboards de ces temps farouches : armés d’outils hétéroclites, Daniel et moi la « retaillâmes » par un bel après-midi d’été pour en faire un 8’ 00’’ improbable, la première d’une longue série d’essais de shape hasardeux…

Je ne sais plus à quelle date exactement l’URKIROLA a fermé ses portes, mais je me souviens que la cabane du club où nous stockions nos planches fut démontée. On nous avait demandé au préalable de venir récupérer les planches qui y étaient stockées. A ce moment-là, je devais être beaucoup plus préoccupé de shaper un mini-gun à la BREWER que de récupérer ce que tout le monde considérait comme une vieillerie sans intérêt. J’appris plus tard que les planches restant dans la cabane (dont ma MAUI) avaient été stockées chez un des membres du club. Pendant des mois je me suis dit qu’il fallait que j’y aille et, à chaque fois, j’oubliais. Les mois se sont transformés en années et aujourd’hui je regrette amèrement cette flemme : indépendamment de la valeur commerciale de cette planche, c’est la valeur sentimentale qu’elle avait pour moi qui importe. C’est la dernière planche que j’ai achetée, j’ai shapé moi-même toutes les suivantes. 
J’ignore complètement ce qu’elle est devenue. Si quelqu’un retrouve sa trace, je suis prêt à lui faire n’importe quelle planche neuve gratuitement. Me contacter, le cas échéant, par l’intermédiaire du site. Mais je ne me fais guère d’illusions…

Ce doit être aussi cet été-là que j’ai vu mon premier film de surf au cinéma PAX de Biarritz /La Négresse : « Free and Easy », de Greg Mc Gillivray et Jim Freeman. La révélation de ce qui pouvait être fait sur un longboard. J’avais déjà vu de bons surfers en France, mais là le niveau était indiscutablement supérieur. Quant à l’ambiance dans la salle, je n’en parle même pas. Le PAX est rapidement devenu une institution, et dès qu’un nouveau film était annoncé on se ruait là-bas.

A gauche, l'auteur et le résultat de ce premier shape. Notez le slip pas très "roots"... Puis Esteban ROSES avec la Bilbo de Johan FALSEN, Alexis "Titi" DESURMONT à côté d'une V-bottom australienne de presque 9 pieds et Bruno CHENAILLE avec une BARLAND shapée par Tony HOLT. Photo prise devant la cabane du "Sporting", le club de plage de la famille TARDIF.

 En vrac, « Evolution », « Oceans », « Five Summer Stories », « Forgotten Island of Santosha »,    « Going Surfing » sont des titres qui me reviennent et que j’ai vu, au fil des années dans cette salle mythique. Mais nous avions alors quitté définitivement l’ère du longboard pour l’évolution qui allait nous emmener de la V-bottom de 8’ 00’ aux mini-guns de type BREWER, aux down-railers de Mike HYNSON, aux premiers fishes, au twin-fins, aux thrusters et, enfin, aux longboards à nouveau…

L’histoire n’est-elle pas un éternel recommencement ? Il y a deux ou trois ans, OXBOW a organisé une séance d’autographes de Laird HAMILTON au magasin de St Jean de Luz. Ma fille m’a supplié de l’emmener là-bas et elle a été une des premières à avoir son poster de Teeahupoo dédicacé spécialement par le beau Laird. Comme elle sortait du magasin, radieuse, je lui ai dit : « Tu sais, en ’68, j’ai vu le père de Laird surfer à Guéthary… »

Mais Billy HAMILTON, ça ne lui disait rien…

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